Nicolas Sarkozy entrouvre la porte de l'Union à la Turquie

Publié le par MPF puy-de-Dôme

reuters-1.gifPARIS (Reuters - 27/08/07) - Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré durant sa campagne qu'il ferait obstacle à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, annonce désormais qu'il ne s'opposera pas à l'ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec ce pays, à condition qu'une réflexion sur l'avenir de l'Europe soit ouverte.

 

"Si cette réflexion essentielle sur l'avenir de notre Union est lancée par les 27, la France ne s'opposera pas à ce que de nouveaux chapitres de la négociation entre l'Union et la Turquie soient ouverts dans les mois et les années qui viennent", a déclaré le président français dans son discours d'ouverture de la XVe conférence des ambassadeurs.

Si la France avait refusé ces négociations, le dossier d'adhésion turc, soutenu par la commission européenne et de nombreux Etats membres, aurait été refermé automatiquement, puisqu'il est soumis à la règle de l'unanimité.

Huit des 35 chapitres de la négociation engagés en octobre 2005 sont actuellement gelés, les plus importants puisqu'ils portent sur des dossiers comme l'agriculture ou l'union économique et monétaire.

Un seul est clôturé à ce jour, celui sur la science et la recherche. Deux ont été ouverts en juin sur les statistiques et le contrôle financier.

Le président français a précisé qu'il acceptait d'ouvrir la discussion sur les autres chapitres, qui à ses yeux permettaient de ne pas encore trancher à ce stade entre l'hypothèse de l'adhésion de la Turquie comme membre plein et entier de l'Union et celle d'une association comme "partenaire privilégié".

En contrepartie, il souhaite que les 27 membres de l'UE créent d'ici la fin de l'année un "comité de dix ou douze sages de très haut niveau pour réfléchir à une question simple mais essentielle, 'quelle Europe en 2020-2030 et pour quelles missions ?".

"UN PAYS D'ASIE MINEURE"

Selon lui, ce comité devrait remettre son rapport avant les élections européennes de juin 2009. Si cette proposition venait à être refusée, le locataire de l'Elysée rappelle qu'il peut bloquer le dossier turc à lui seul.

"Il me semble que c'est une solution qui ne trahit pas le souhait des Français et qui en même temps permet à la Turquie d'avoir une espérance. Il est évident que si on devait refuser cette formule de compromis, je veux simplement rappeler que pour la poursuite des discussions, il faut l'unanimité", a-t-il dit.

L'actuelle présidence portugaise de l'Union avait refusé en juin d'inscrire à l'ordre du jour la proposition de "comité des sages", estimant comme d'autres Etats membres de l'Union que les négociations avaient un seul but, l'adhésion comme membre.

Nicolas Sarkozy, qui prendra avec la France la présidence tournante de l'Union européenne le 1er juillet 2008, a assuré qu'il n'avait pas changé d'avis sur ce sujet.

"Chacun sait que je ne suis favorable qu'à l'association, c'est l'idée que j'ai porté pendant toute la campagne électorale (...) Je pense que cette idée d'association sera un jour reconnue par tous comme la plus raisonnable", a-t-il dit.

Le président n'a pas répété ses déclarations de la campagne électorale. "Quand bien même c'est un pays laïc, il est en Asie mineure", avait notamment déclaré Nicolas Sarkozy.

"Je n'expliquerai pas aux écoliers français que les frontières de l'Europe sont avec l'Irak et la Syrie. Quand on aura fait du Kurdistan un problème européen, on n'aura pas fait avancer les choses", avait-il ajouté.

Les soutiens de l'adhésion de la Turquie soulignent la forte croissance économique du pays et ses nombreux liens avec l'Europe, à commencer par Istanbul (ancienne Constantinople), ancienne capitale de l'Empire romain. Les partisans d'une Turquie dans l'UE font aussi valoir sa laïcité, son économie tournée vers l'Union et son appartenance à l'Otan, les millions d'immigrés déjà installés sur le continent européen, voire la participation des clubs de football turc et de son équipe nationale aux compétitions européennes.

Publié dans MPF 63

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