Interview de Véronique BESSE dans Minute 30/07/08

Publié le par MPF puy-de-Dôme

 

ENTRETIEN AVEC VÉRONIQUE BESSE

« Des membres de l’UMP ont essayé de m’acheter ! »


Pour faire passer la réforme des institutions et la modification de la Constitution, le gouvernement et l’UMP étaient prêts à tous. Véronique Besse député (MPF) de Vendée, a été harcelée ; les plus haut personnages de l’Etat lui ont promis mont et merveilles. Avant de la menacer ! Elle a tenu bon. Et elle révèle les méthodes quasi-mafieuses de certains dirigeants de la majorité.

Minute : Alors on vous propose, de l’argent, des voitures, un chauffeur, une secrétaire…  et vous dites non ?

Véronique Besse : D’abord je dis non, et ensuite je dénonce ces pratiques dignes d’une République bananière !

 

« On » voulait vous faire voter oui à tout prix à la réforme des institutions ?

C’est ça. Et « on », ce sont des membres de l’UMP ! Il y a eu trois phrases. La première était, disons, pédagogique. Mes collègues de l’Assemblée savaient que je l’opposais avant tout à l’entrée de la Turquie ? J’estimais que Nicolas Sarkozy avait rompu avec les engagements pris pendant la campagne présidentielle. De mon côté, mon vote sur la réforme des institutions dépendait principalement d’une chose : je voulait un référendum systématique sur l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne.
Alors des députés de la majorité sont venus m’« expliquer » que je me montait la tête, qu’en l’état du projet, la Turquie n’avait aucune chance de passer et que je compliquais des choses pourtant fort simples… Mais je n’ai pas trouvé leurs arguments très convaincants…

 

Et vous avez maintenu votre non…

Et ils sont passés à la deuxième phrase : celle de la séduction. Des membres de l’UMP ont carrément essayé de m’acheter ! Les pressions se sont renforcées : après les députés, les appels sont venus de « plus haut ».

 

Par exemple ?

Bernard Accoyer, le président de l’Assemblée nationale, m’a personnellement approchée. Il m’a dit directement demandé ce que je voulait ! Jean-François Coppé, le président du groupe UMP, m’a également fait des offres… J’aurai pu demander la lune, ils me la donnaient dans l’heure !

 

Vous avez de la chance ! Il se dit que certains parlementaires ont été menacés…

C’étaient la troisième phrase et j’y ai eu droit aussi ! Le téléphone sonnait sans arrêt. Les cinq parlementaires MPF (trois sénateurs et deux députés) ont tous été littéralement harcelés : un appel par heure, venant de tous les horizons de l’Etat. Nous avons d’abord eu droit aux tentatives de corruption, puis aux menaces et au chantage ! Ce sont des pratiques de mafieux !

Ils usent également de l’arme du découpage des circonscriptions électorales…

Philippe de Villiers a reçu quatre appels d’Alain Marleix, le secrétaire d’Etat de l’Intérieur et aux Collectivités Territoriales, qui lui a laissé entendre que le futur redécoupage électoral pourrait concerner son fief de Vendée. Il lui a dit « On ne pensait pas toucher à la Vendée, mais là, je crois qu’on va s’en occuper ».

 

Pour en revenir à votre cas, on vous a proposé une mission parlementaire, paraît-il ?

Oui. Une mission sur la famille… « avec tout ce qui va avec » ! C’est à dire, comme l’évoquiez tout à l’heure, de l’argent, une voiture de fonction, un chauffeur, une secrétaire…

 

Ce sont des rêves d’homme, ça ! Ils auraient dû vous proposer des diamants…

Tant pis pour eux s’ils ne savent pas parler aux femmes ! Trêves de plaisanterie, le maintien de notre non, il va sans dire, n’avait rien à voir avec celui des opposants de gauche qui sont systématiquement hostiles à toute politique de réformes : nous souhaitions avant tout préserver le droit fondamental du peuple Français à s’exprimer directement et en dernier recours sur la question capitale de la Turquie et des frontières de l’Europe. Je souligne qu’alors que l’intérêt supérieur de la France était en jeu, et les membres les plus éminents de l’UMP ont essayé de bous faire renoncer à notre honneur et à notre devoir par des méthodes indignes. C’est très grave. Mais le pire, c’est qu’ils ont réussi : à cause de la nouvelle Constitution votée par le Congrès, qui fait sauter le verrou du référendum obligatoire, la voie est désormais libre de l’entrée de la Turquie en Europe. Voilà à quoi ont mené les pressions de l’UMP ! Les Français doivent le savoir.

 

Propos recueillis par Patrick Cousteau

Publié dans MPF 63

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
http://reactiondroite.canalblog.com/<br /> Ce blog d'opinions pourrait vous intéresser ;)
Répondre