Article paru dans Valeurs Actuelles, le 23 juillet 2009.

Publié le par MPF puy-de-Dôme

La société en danger, par Véronique Besse  Député MPF

C’est à une courte majorité que la proposition de loi sur le travail du dimanche a été adoptée par l’Assemblée nationale. En deux ans, c’est le quatrième texte en ce sens.

Cette dernière version souffre d’ailleurs d’un paradoxe que les Français ont tout de suite perçu: tout en réaffirmant le principe du repos dominical, elle vide ce même repos dominical de toute sa substance. Les dérogations deviennent si nombreuses que le principe du repos dominical devient même une exception parmi d’autres.Cette proposition de loi va venir rayer d’un trait de plume près de dix-sept siècles d’histoire de notre civilisation européenne, sur le fondement d’une triple erreur.

Erreur économique

Nombreux à droite le reconnaissent, l’ouverture des magasins le dimanche n’engendrera qu’un transfert d’achat. Elle instaurera une concurrence déloyale au bénéfice des grandes surfaces, qui ont les moyens d’ouvrir le dimanche, et au détriment des petits commerces de proximité. Ouvrir un jour de plus ne garantira en aucun cas une consommation plus importante. En revanche, le travail du dimanche aura un coût important pour les entreprises.

Erreur sociale

Le repos dominical constitue un des “poumons”de notre mode de vie; une journée commune au cours de laquelle les familles, les amis,les citoyens peuvent se retrouver et consacrer du temps à des activités non marchandes aussi essentielles que les arts, la culture, le culte ou encore l’éducation des enfants. Supprimer cette journée commune aggravera le délitement des liens familiaux, l’éducation bâclée ou les incivilités. Leur traitement social aura un coût particulièrement élevé pour notre société.

Erreur culturelle

Plus qu’une question économique et sociale, il s’agit en réalité d’un choix de civilisation. Le travail est un élément essentiel dans la vie de l’homme, mais d’autres aspects lui sont tout aussi indispensables. Par le biais de cette proposition de loi, c’est une certaine vision de l’homme qui est promue: celle d’un homme producteur et consommateur, sans autre lien avec la société que son propre travail. Le véritable “moteur” de l’homme, c’est le sentiment d’appartenance. Appartenance à une entreprise, certes. Mais aussi appartenance à un mode de vie.Rien de grand n’est jamais construit dans un pays où chacun n’est motivé que par l’appât du gain et le confort personnel.L’homme a besoin de contribuer à quelque chose qui le dépasse, à la vie des communautés dont il est à la fois l’héritier et le bâtisseur : la famille, l’entreprise, la commune, la culture, la nation.

Cette proposition de loi sur le travail du dimanche pose la question de ce que nous voulons pour notre avenir. En l’adoptant, nous mettons en danger notre société, nous mettons en danger l’équilibre social et personnel des Français, nous hypothéquons notre avenir.

Le travail du dimanche n’est pas un tabou. Les Français n’y sont tout simplement pas favorables. Davantage qu’une question économique,il s’agit d’un choix éthique.Ayons le courage de faire ce choix… qui est tout simplement un choix de civilisation.

Paru dans Valeurs Actuelles, le 23 juillet 2009.

Publié dans MPF 63

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